Dépénalisation de l'homosexualité. Les USA font pression sur le Cameroun

Dans un courrier adressé au ministre de la Justice, le 3 février 2012, Robert
P. Jackson a requis du gouvernement l'abrogation de la loi réprimant l'
homosexualité au Cameroun. C'était en prélude à la
récente visite au Cameroun les 15 et 19 février 2012 de Madame Eileen
Chamberlain Donahoe, représentante des Usa auprès du Conseil des Nations unies
pour les droits de l'Homme.

Les chancelleries occidentales sont-elles passées à la vitesse supérieure ? En
tout cas, après les sorties médiatiques du chef de délégation de l'Union
européenne à Yaoundé en 2011, c'est l'ambassadeur des Etats-Unis à Yaoundé qui
se montre offensif. Robert P. Jackson a pris sa plume pour « regretter que la
loi camerounaise punisse l'homosexualité ».

Le diplomate a confié à Laurent Esso dans son courrier qu'il s'appuyait sur un
rapport du département d'Etat américain révélant un niveau de « criminalité
élevée dans la question des droits de l'Homme au Cameroun» et spécifiquement
de la marginalisation des minorités sexuelles et dont des homos. Et sollicite
de lui que le Cameroun « songe à la dépénalisation » de cette pratique.

Seulement, le dossier qui a été coté par le garde des sceaux à la sous-
direction des droits de l'Homme au ministère de la Justice n'a pas prospéré. Le
Cameroun ayant opposé une fin de non recevoir à la demande du diplomate
américain. Yaoundé comptait d'ailleurs exprimer officiellement cette position
au cours du tête-à-tête entre le ministre de la Communication, Issa Tchiroma et
la représentante des Etats- Unis auprès du Conseil des Nations unies pour les
droits de l'Homme, Eileen Chamberlain Donahoe le 16 février 2012, lequel
était utilisé comme prétexte de la sortie de P. Jackson. Mais l'occasion ne s'
est pas présentée pour les officiels camerounais de repréciser leur position.

Madame Donahoe ayant délibérément choisi, pendant la préparation de l'entrevue
avec le ministre de la Communication que la question des minorités sexuelles ne
soit pas abordée au cours de l'échange. Parce qu'aurait-t-elle laissé croire,
Washington « connaît la position des Camerounais et les dispositions de la loi
en matière d'homosexualité ».

Minorité

D'après des sources diplomatiques qui affirment relayer la version des membres
de la suite de la diplomate américaine, Eileen Chamberlain Donahoe, ne se
serait pas contentée des notes contenues dans le rapport du département
américain, du reste accablant pour le Cameroun sur la question des droits des
minorités sexuelles sur lesquelles s'appuyait Robert P. Jakson. L'ambassadrice
aurait, selon les mêmes sources, tenu compte des rapports des réseaux de
renseignements de la Maison Blanche qui indiquent que la dépénalisation de l'
homosexualité est impopulaire au Cameroun pour asseoir sa conviction de ne pas
évoquer le sujet avec Issa Tchiroma.

Contacté, le conseiller des affaires publiques Matthew McKeever à l'ambassade
des Etats-Unis à Yaoundé s'est contenté de dire que la chancellerie ne commente
pas les échanges diplomatiques entre le gouvernement des Etats-Unis et le
gouvernement du Cameroun. Par contre, il réaffirme que comme l'a dit la
secrétaire d'Etat américain dans son discours de 2012 sur les droits de l'
Homme, la position des Etats-Unis est que : « Etre une femme, être une minorité
raciale tribale, ethnique ou religieuse comme être homosexuel, bisexuel et
transsexuel ne fait pas de vous moins un être humain. Et c'est pourquoi les
droits des homosexuels sont les droits humains et les droits humains sont les
droits des homosexuels… »

Par ailleurs, Mattew McKeever revient sur la présence des diplomates
américains sur le lieu de rassemblement des homos dispersés par la police le
27 mars 2012 à Yaoundé. Il indique notamment que « la liberté d'assemblée et la
liberté d'expression sont reconnues par la législation camerounaise et notre
présence à ce séminaire était en droite ligne de ce principe"

Rodrigue N. TONGUE

Fonte: http://www.cameroonvoice.com/news/news.rcv?id=6412
Pubblicato da Lorenzo Bernini